Tout partager, un trésor

Ca y est, notre première formation commune touche à sa fin et, dans le calme du crépuscule, Jean-Marie et moi, nous retrouvons tous les deux devant l’argent que nous venons de gagner. Il est posé sur une table et plongés dans notre silence, nous sommes assis sur notre chaise nous demandant comment le partager. 50-50 comme le voudrait la loi du business ? Au temps d’intervention de chacun comme le voudrait la loi de l’effort ? Au nombre de participants mobilisés par chacun comme le voudrait la loi du commerce ?

Aucun de ces principes ne nous satisfait. Alors, nous décidons de fermer les yeux et nous nous tournons vers notre cœur. Et, au fonds de soi, chacun l’interroge sur ce qu’il est juste de faire. Nous lui demandons de nous indiquer comment faire et nous écoutons les sentiments qui montent depuis notre fraternité de coeur. Quelle serait la meilleure façon de partager pour prendre soin de l’autre et de nous-même en même temps ?

Après quelques minutes, le silence est rompu et une discussion démarre pour trouver une solution. Tour à tour, nous prenons la parole d’une voix calme et douce. C’est la voix du binôme, la voix du partage. Nous écoutons l’un l’autre, mesurant ce que les mots produisent en au fonds de nous. « Je ne peux pas prendre la moitié, tu es intervenu plus que moi et puis, tu as plus contribué par tes idées. » dit l’un. « Oui mais mes idées n’auraient pas pu prendre forme si tu ne les avais pas améliorées par tes remarques. Puis, c’est vrai que j’ai parlé plus que toi pendant la formation mais tu as été tout le temps là. Je ne peux pas prendre la moitié non plus » répond l’autre. Chacun d’entre nous confie son souci de l’autre et cet échange nous échauffe le coeur.

Puis, soudain, la discussion prend une tournure inattendue. « Et toi, de combien as-tu besoin pour vivre ? » demande l’un qui, à peine a-t-il finit de donner sa réponse, renchérit en demandant à son tour à l’autre : « et toi ? ». Nous venons de trouver un principe de partage. Ce que nous gagnons, nous le partageons selon les besoins de chacun. Nous nous concertons, non pas sur un partage équitable mais sur un partage juste, celui qui permet à chacun de vivre le mieux possible sa vie quotidienne. Un jour, c’est l’un d’entre nous qui gagne davantage parce que sa vie le requiert. Parfois, c’est l’autre.

Mais, ce qui m’étonne le plus, c’est que si vous me demandez aujourd’hui qui a pris combien lors du partage précédent, je ne m’en souviens pas et je sais que Jean-Marie non plus. Si toutefois, nous nous en rappelions, c’est qu’une amertume subsiste. Nous saurions alors que le partage n’a pas été juste et qu’il nous faut nous le rééquilibrer dans le suivant. Ce que nous avons à vivre ensemble prévaut sur nos gains financiers. Nous devons veiller l’un sur l’autre car nous savons qu’aujourd’hui, le maillon le plus fort de la chaine sera peut-être le plus faible demain.

Vous vous demandez sans doute si cela est possible pour tous ? Je le crois. Il suffit de confier à son cœur votre souci de l’autre de l’écouter pour inventer votre partage. Le cœur, c’est la voix du binôme, c’est la voix du partage